02 2021
Ogni tanto me lo chiedo: cos’ha di speciale Tourtour che non appena comincio a salire in auto lungo i tornanti che mi portano al villaggio mi si apre il cuore? E che mi fa fremere di nostalgia quando sono lontano?
Difficile spiegarlo. Certo qui ho conosciuto persone speciali, ho passato estati splendide e serene insieme a tanti amici, qui mi sono messo insieme a colei che sarebbe diventata mia moglie, ho letto centinaia di libri e ne ho scritti un paio, ci ho anche scoperto due stelle supernovae… ma non basta, non basta a spiegare la magia che mi lega a questo posto.
E allora comincio a cercare nel profondo dell’anima e trovo nuove immagini, sensazioni più o meno limpide che mi donano delle tracce.
Vedo così l’amabilità dei sorrisi, il “bonjour monsieur” pronunciato affabilmente decine di volte al giorno, ad ogni incontro, anche fugace, vedo la serenità dei volti… e poi vedo gli spazi infiniti della Provenza che si stendono quasi senza limite, fino ai Maures, ai Bessillon, alla Sainte Victoire di Aix en Provence e di Cézanne, da quel magico belvedere della Tour de Grimaud che si affaccia su tramonti infuocati. Chiudo gli occhi e mi tornano alla mente quelle incredibili nottate passate a guardare le stelle, così luminose che pare di toccarle e che sembrano staccarsi da un cielo ancora scuro e incontaminato dalle luci. Mi giungono insieme i ricordi e le emozioni per le diverse comete viste ed ammirate nei cieli di Tourtour, dalla mitica Hale-Bopp del 96 fino alla recente Neowise di luglio 2020; e poi la Luna che sembra giocare a nascondersi dietro le querce secolari e i cipressi, e la Via Lattea ormai cancellata dall’inquinamento luminoso delle città, ma sembra ben visibile e chiara nel cielo di Tourtour.
E di giorno la sensazione di perdersi in lunghe pedalate per le colline che dividono Tourtour da Ampus e da Aups, nel silenzio di una natura incontaminata da presenza umana, scortati solo dal richiamo delle cicale e dalla presenza magnifica e discreta di farfalle e libellule. E dopo tanta natura, l’aperitivo nei bar della piazza, la visita alla biblioteca comunale, il concerto della domenica, i quattro passi fra le viuzze del centro storico medievale, sempre avvolto dalla serenità e dalla leggerezza che questo luogo, solo, mi sa trasmettere.
Ecco tutto questo mi avvolge adesso che sono distante, tenuto lontano dal luogo dell’anima da un virus che non vuole spegnersi e che comincio davvero ad odiare. Verrà il giorno che tornerò a Tourtour, certo, ma non riesco a cancellare la sgradevole sensazione che questo lungo periodo di lontananza sia un tempo che mi è rubato e per recuperarlo mi restano solo le illusioni che i sogni e i ricordi riaccendono dolcemente e mi portano a pensare col poeta che “il naufragar m’è dolce in questo mare”.
Marco Migliardi
italien >> français
De temps en temps je me demande : quelle est la particularité de Tourtour pour que dès que je commence à monter dans la voiture le long des virages en épingle qui me mènent au village, mon cœur s’ouvre ? Et qu’est-ce qui me fait frissonner de nostalgie quand je suis absent ?
Difficile à expliquer. Bien sûr, ici j’ai rencontré des gens spéciaux, j’ai passé des étés merveilleux et paisibles avec de nombreux amis, ici j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme, j’ai lu des centaines de livres et en ai écrit quelques-uns, j’ai aussi découvert deux étoiles de supernova … mais ce n’est pas assez, ce n’est pas assez pour expliquer la magie qui me lie à cet endroit.
Et puis je commence à chercher au plus profond de mon âme et je trouve de nouvelles images, des sensations plus ou moins claires qui me donnent des traces.
Ainsi je vois l’amabilité des sourires, les « bonjour monsieur » affablement prononcés des dizaines de fois par jour, à chaque rencontre, même fugace, je vois la sérénité des visages… et puis je vois les espaces infinis de la Provence qui s’étendent presque sans limite, jusqu’aux Maures, les Bessillons, la Sainte Victoire d’Aix en Provence et Cézanne, depuis ce point de vue magique de la Tour de Grimaud surplombant des couchers de soleil de feu. Je ferme les yeux et je me souviens de ces nuits incroyables passées à regarder les étoiles, si brillantes qu’elles semblent les toucher et qui semblent se détacher d’un ciel encore sombre et non contaminé par les lumières. Souvenirs et émotions se rejoignent pour les différentes comètes vues et admirées dans le ciel de Tourtour, de la mythique Hale-Bopp de 96 à la récente Neowise de juillet 2020 ; et puis la Lune qui semble jouer à cache-cache derrière les chênes et les cyprès centenaires, et la Voie lactée, aujourd’hui effacée par la pollution lumineuse des villes, mais elle semble bien visible et claire dans le ciel de Tourtour.
Et le jour la sensation de se perdre dans de longues chevauchées à travers les collines qui séparent Tourtour d’Ampus et d’Aups, dans le silence d’une nature vierge de toute présence humaine, escorté uniquement par le chant des cigales et la présence magnifique et discrète des papillons et libellules . Et après tant de nature, l’apéro dans les bars de la place, la visite de la bibliothèque municipale, le concert dominical, les quatre pas à travers les ruelles de la vieille ville médiévale, toujours entourée de la sérénité et de la légèreté que ce lieu, seul, sait transmettre.
Voilà tout cela m’enveloppe maintenant que je suis distant, tenu à l’écart du lieu de l’âme par un virus qui ne veut pas sortir et que je commence vraiment à détester. Le jour viendra où je reviendrai à Tourtour, bien sûr, mais je ne peux pas effacer le sentiment désagréable que cette longue période d’absence est un temps qui m’a été volé et pour le récupérer je n’ai que les illusions que rêves et souvenirs doucement raviver et m’amener à penser avec le poète que « le naufrage m’est doux dans cette mer ».
Marco Migliardi