« Plusieurs sons de cloche »
Cet instrument fait de métal, creux et ouvert, est conçu pour émettre un son … de cloche. Souvent situé dans un beffroi, grâce à sa longue portée acoustique il permet de se faire entendre au loin. Ce moyen de communiquer date de l’âge du bronze. Il sonne, tinte, résonne. C’est un avertisseur.
La cloche située dans la tour de l’horloge de Tourtour date de 1665, pèse 165kg environ et sa note est un la. Sa décoration est faite de deux grandes croix formées de fleurs de lys, cantonnées de plusieurs blasons avec clochettes et d’une douzaine de petites croix latines. On y trouve plusieurs fois les lettres H et R, probablement les initiales du fondeur Honoré Rey installé à Pertuis au XVème siècle.
Les cloches rythment la vie quotidienne tant profane que sacrée. Installées à l’entrée d’un commerce elles tintinnabulent pour annoncer l’arrivée des clients. Prés d’un porche elles carillonnent pour prévenir d’une visite. Dans un monastère elles vibrent des matines aux vêpres. Au clocher des églises, leurs sons sont joyeux (pour un baptême, un mariage…) ou tristes (glas) et même sinistres quand le tocsin retentit pour prévenir d’une catastrophe, d’un incendie…
A Tourtour, la cloche de l’église de la Sainte Trinité date de 1880, son fondeur est Eugène Baudouin de Marseille. Elle pèse 100kg environ et mesure 54cms de diamètre. Sa note est un fa dièse. Elle est décorée d’un crucifix, d’une vierge ND de la médaille miraculeuse et de 6 anses à visages humains.
A partir du Jeudi Saint, selon la tradition chrétienne depuis le VIIème siècle, les cloches des églises restent silencieuses en signe de deuil de la mort du christ. On explique aux enfants qu’elles sont parties à Rome pour se faire bénir comme si elles avaient déménagé sans prévenir, «à la cloche de bois» et qu’elles reviendront à Pâques en rapportant des œufs. Mais cela n’est qu’un «son de cloche» et pas vraiment véridique : Il y a «quelque chose qui cloche» dans cette histoire !
A l’église St Denis de Tourtour, les deux cloches datent de 1762. Leurs fondeurs sont François-Michel Champion de Breuvannes-le-Collombey (aujourd’hui Breuvannes-en-Bassigny) et Charles Seneval de Draguignan. Elles sont décorées par un crucifix avec Ste Marie-Magdelaine agenouillée tenant la croix, la Vierge à l’Enfant (spectre main droite), un évêque avec mitre et crosse, 2 angelots… L’une d’elles pèse 325kg environ pour 81cm de diamètre et hauteur et sa note est un sol tandis que l’autre pèse 446kg pour un diamètre et une hauteur de 89cm et sa note est un la.
Comme les chrétiens, les cloches sont baptisées, elles reçoivent le sacrement et ont un parrain et une marraine. Avoir pour filleul «une cloche» ce n’est pas très glorieux pourtant c’est souvent à des notables que revient ce titre.
Les inscriptions sur les cloches de l’église de St Denis nous indiquent que la plus petite a pour parrain Messire Gaspard de Raphèlis, seigneur majeur de Tourtour et pour marraine Dame Anne de Bourgarel épouse de M l’avocat Guis, conseigneur de Tourtour et que la plus grosse a pour parrain Messire Honoré Emmanuel de Raphèlis de Beauvesel, coseigneur de Tourtour et pour marraine Dame Anne Martre de Puget de Tourtour.
La quatrième ligne des inscriptions sur cette «grosse cloche» dit : M l’abbé De Peinier de St Victor, prieur de Tourtour, j’ai été bénie par M Aicard, curé. Après ces baptêmes, gageons que ces personnalités mangèrent un bon repas, en abondance et on peut dire d’eux qu’ils se «tapèrent la cloche» !