la tour de l’horloge

La tour de l’horloge de Tourtour trône au cœur du village depuis environ 1900. Son emplacement actuel se trouve… rue de l’horloge ! C’est un bâtiment communal.
Avant, le beffroi de Tourtour se trouvait inclus dans le rempart et son emplacement est noté dans le plan Napoléon à équidistance des deux portes. Il a aujourd’hui disparu mais on peut le situer au niveau du n° 2 de la rue grande.

Une horloge qui ne donnera pas toujours l’heure
Dans sa monographie de Tourtour, Guy Désirat explique que faute de moyens financiers la tour de l’horloge (ou beffroi) n’est pas bien entretenue comme tous les autres bâtiments : Une délibération du 29 décembre 1697 décide d’établir un devis pour la maçonnerie et de mettre les travaux aux enchères. Mais personne ne se présente pour réaliser ces travaux. Un maître horloger de Marseille est contacté mais il n’y a pas de suite et l’horloge ne fonctionne plus…
Dans de nombreux villages des environs, le mécanisme à balancier est abandonné au profit de celui à pendule car il dure beaucoup plus longtemps. Le 26 mai 1720, Laurent Agaud de Bargemon offre de faire ces travaux pour 150 livres. Finalement c’est Théodore Rodophe qui mettra les rouages et le cadran à neuf, mais au préalable la commune devra consolider la toiture et reprendre la maçonnerie. Le contrat est passé avec 30 livres à sa signature, 70 livres l’horloge achevée et 100 livres deux mois après, avec la caution de Jean Arbaud, serrurier à Aups, quant à la sonnerie, Rodophe s’engage à faire une roue neuve (roue de comte Cocq) nous précise Guy Désirat.
Deux devis sont établit pour faire des réparations, l’un le 19 août 1742 par Elzéar Joseph Bourges, maître-maçon à Aups et un autre le 20 octobre de l’année suivante mais le haut de la tour est toujours en ruine en 1743… Il est décidé de faire une couverture en lames de plomb, bien soudées avec un débord de « quatre travées de doigt » ; les murs sont à recrépir à l’extérieur et à l’intérieur, la corniche est à refaire avec des rebords arrondis écrit le monographe Désirat en précisant que le coût du devis s’élève à 150 livres sans le plomb qui vaut 30 livres le quintal. Mais au moment de la réception des travaux, le 3 novembre 1748, les experts émettent des réserves. Le maçon Jean Bernard contexte l’expertise en désignant des travaux réalisés qui lui restent dû et qui concernent les marches d’escalier de l’entrée et les barres de fer placées pour soutenir la cage de l’horloge.
En 1773 l’horloge ne sonne plus, et ce depuis plusieurs années ! De nouveau les travaux sont mis aux enchères sur la base du prix de Turles de Lorgues. Si toutes les réparations sont achevées le 12 juin 1774, d’autres réparations sont tout de même entreprises 13 ans plus tard pour 474 livres par le maçon de Draguignan, Jean-Baptiste Aubin aidé par Charles Antoine Aulezy du village. Cependant lors du contrôle de ces travaux, le 24 novembre 1787, l’expert déclare qu’avec l’arrivée de l’hiver la toiture n’est pas couverte et que les pluies vont faire des dégâts. Les travaux ne sont pas terminés, les maçons n’ont pas respecté leur parole, une plainte est déposée auprès d’un huissier royal d’Aups. Guy Désirat rajoute : Après cette date, on ne parle plus de l’horloge […] jusqu’en 1827 où l’on constate que l’horloge ne donne plus l’heure depuis longtemps.
Enfin dans sa monographie de Tourtour, Guy Désirat note qu’au XIXe siècle il y a encore urgence à réaliser des travaux sur la tour de l’horloge et que le 15 mai 1828 la somme de 60 francs est voté mais pas utilisée par manque de chaux. Le préfet d’alors autorisera l’achat de 150 quintaux sur le budget additionnel. Puis à partir des années 1900 la tour de l’horloge va occuper sa place actuelle, au centre du village.
A Tourtour l’heure est laïque comme le fait remarquer le chroniqueur Gilbert Giraud dans un post du 11 novembre 2015 sur son site Internet : les campaniles n’appartiennent pas à l’architecture religieuse. (la preuve c’est qu’à Tourtour, il n’est pas sur une église !). Néanmoins c’est depuis l’église St Denis qu’on peut lire l’heure sur l’horloge municipale qui se trouve juste dans l’axe du Mont Ventoux, détail judicieusement remarqué au début des années 2020 par le photographe Lionel Cironneau:

La cloche de la tour de l’horloge rythme la vie du village. Elle sonne, carillonne et averti. Jusqu’au milieu du XX siècle l’une de ses fonctions est d’indiquer les heures d’arrosage aux villageois. En fonction de la taille du foyer l’octroi de la durée d’utilisation de l’eau pour irriguer les terres cultivées est plus ou moins important. Ainsi un foyer de deux personnes n’aurait que 15 minutes pour arroser son jardin et dans ce cas l’horloge doit sonner aussi les quarts d’heure.
En 2012, le système de réglage de l’heure de la pendule a été changé. Il a été mis aux normes technologiques de son temps. L’ancien système a été déposé:

Rénovation de la façade en 2025 :